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la confrerie des hypocrites et des athéistes. « Et qu'il ne « soit vrai, dit-il en ces propres mots ; j'ai été averti « de bon lieu qu'hier au soir vendredy, jour de leur « procession, la broche tournoit pour le souper de ces « bons pénitens ; et qu'après avoir mangé le gras cha-i c< pon, ils eurent pour cotation de nuit le petit tendron i « qu'on leur tenoit tout prêt. Ah! malheureux hypo-[ « crites, vous vous mocquez donc de Dieu sous le « masque, et portez pour contenance un fouet à votre « ceinture? Ce n'est pas là, de par Dieu, où il le fau-« droit porter : c'est sur votre dos et vos épaules, et « vous en étriller très-bien. Il n'y a pas un de vous « qui ne l'ait bien gagné. » Le Roy, sans vouloir autre­ment parler à lui, disant que c'étoit un vieux fou, le fit conduire en son coche, par le chevalier du guet, en son abbaye de Saint Pere à Melun, sans lui faire autre mal que la peur qu'il eût qu'on ne le jettaten la riviere. Avant que partir, le duc d'Espernon (0 voulut le voir, et lui dit en riant : « Monsieur notre maitre, on dit « que vous faites bien rire les gens à votre sermon. « Cela n'est gueres beau ; un prédicateur comme vous « doit prêcher pour édifier, et non pour faire rire. t< — Monsieur, répliqua Poncet sans s'étonner autre-ce ment, je veux bien que vous sçachiez que je ne prêche « que la parole de Dieu; et ne vient point de gens à « mon sermon pour rire, s'ils ne sont méchans ou « athéistes ; et aussi n'en ay-je jamais tant fait rire en «c ma vie que vous en avez fait pleurer. » Réponse har­die pour un moine à un seigneur de la qualité d'Esper­non , et qui pour le tems fut trouvée fort à propos.
(O Le chie d'Espernon ; Brantôme, dan» l'éloge de Charles fin , at-tribae cette aventure au dae de Joyeuse.
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